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Parcours d'UTCéen : du moteur thermique à la batterie rechargeable

Interview

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07/07/2023

Après 12 ans dans un groupe multinational, Yannick Le Gleut (GM 2005) rejoint une jeune start-up en Suède et développe des batteries vertes.


Bonjour Yannick, avant de parler développement durable, peux-tu nous parler de tes années à l’UTC ?

J’ai cru comprendre que tu avais des activités en parallèle de tes études ? 

Tout à fait, j'étais boursier et j'avais besoin de financer mes études. Du coup, j'ai dû donner des cours particuliers. J'en donnais près de 20 heures par semaine. J'ai aussi donné des cours en prison, à la maison d'arrêt de Compiègne. 

Par la suite, je me suis rendu compte que cela était très utile. Dans beaucoup d'action professionnelles, la pédagogie et la transmission du savoir sont des composantes importantes : en gestion de projet pour expliquer son besoin, quand on construit une usine pour transmettre son savoir faire, pour le coaching, le mentoring.

Tu n'avais plus de temps pour t’investir dans les associations étudiantes ? 

Si, mais j'ai plutôt participé à des actions ponctuelles. Par exemple, j'étais le trésorier de l'intégration. Ces postes m'ont également apporté des compétences en gestion de projet.

Côté étude, quelles étaient tes matières préférées ?

J’ai particulièrement aimé les matières en lien avec la mécanique et les matériaux (ma spécialité), mais également celles orientées gestion de projet : mécanique des matériaux, processus et gestion de la qualité, gestion de projet, management de projets, analyse de la valeur. Le choix de mes matières s’est orienté principalement dans l’optique d’une formation préalable à la gestion et management de projets dans le cadre d’un contexte européen. J’ai eu l’opportunité d’obtenir aussi 2 mineurs avec mon diplôme d’ingénieur mécanique : le Mineur FIRME et le Mineur Études Européennes.

En quelques mots, qu'est-ce que tes études à l'UTC t'ont apportées ? Et tes stages ?

L'UTC offre une excellente formation générale et une bonne ouverture internationale avec la possibilité de faires des stages ou semestres d’études à l’étranger. J’ai personnellement souhaité compléter cette formation par une formation en école de commerce pour renforcer l’axe management, stratégie et finance.

« D’un groupe multinational à la start-up »

Après plus de 12 ans chez Renault-Nissan tu te retrouves au sein d’une jeune start-up. Raconte-nous ?

Effectivement j'ai eu l'opportunité de rejoindre Northvolt en Suède, une start-up prometteuse après avoir travaillé dans une multinationale pendant plus de 12 ans, entre France Japon et Inde. J’ai été contacté par cette entreprise grâce à d'anciens collègues de chez Renault Nissan, dont l’un n’est autre que le co-fondateur de Northvolt ; j'ai été immédiatement séduit par sa mission et sa vision. J'ai rejoint l'équipe au début de son aventure, lorsque les effectifs étaient encore limités, j'ai été emballé par le dynamisme et les défis qui se présentaient à nous. Je voulais en faire partie !

Quels rôles as-tu occupés au sein de cette entreprise ?

J'ai commencé dans le domaine des achats, en sourçant les fournitures nécessaires (machines et périmètre construction) pour notre première usine pilote de Västerås, non loin de Stockholm. 

Et puis, comme dans toutes entreprises en forte croissance, mon périmètre s'est rapidement élargi. J'ai pris en charge les achats indirects, les achats matières ; j’ai occupé le poste chef de projet exécution et participé au montage d'une entité de recyclage de batteries, tout en contribuant aux phases clefs du financement de projets. Mon rôle a évolué au fil du temps pour inclure des responsabilités liées à la gestion de programmes et des nouveaux projets ainsi que leur financement, en devenant directeur de programmes. 

Quels ont été les principaux défis auxquels tu as été confronté au cours de cette aventure ?

Ce ne fut pas un parcours sans embûches, mais je l'ai vécu comme une véritable épopée. J'ai dû faire face à des échecs, mais aussi célébrer de grands succès. L'expansion rapide de l'entreprise a été un défi en soi, avec une croissance exponentielle des effectifs. Nous sommes passés en moins de 5 ans de 100 à 5000 employés, qu'il a fallu accompagner. La pression du Time to Market était également très présente dans un marché dynamique, fortement orienté automobile. Assurer la qualité des produits tout en respectant les délais et les coûts est un enjeu majeur. 

Malgré ces difficultés, nous avons toujours eu le soutien de nos clients également investisseurs, mais notre plus grande force a été ; et reste nos effectifs, les « Northvolters », comme on les appelle. Une mission commune nous caractérise et se traduit au quotidien par une grande adaptabilité, des prises d’initiative en faisant preuve d’audace tout en demeurant passionné. « Be Bold, Passionate and Excellent » sont des valeurs que j’incarne.

Quel est ton poste actuel et quels sont les enjeux qui y sont liés ?

Actuellement, je suis responsable du Program Management Office. Mon rôle est de superviser tous les nouveaux programmes. Les enjeux sont multiples, allant de la viabilité des projets et de leur financement à la contractualisation commerciale. La gestion de projet au quotidien, en passant par le respect des délais et des coûts ; et la garantie de produire des batteries compétitives sont des éléments clés de mon poste.

Est-ce qu'il y a eu des personnes ou des expériences qui t'ont particulièrement marquées dans ton parcours ?

Absolument. 

J'ai eu la chance de travailler avec un Homme exceptionnel, Gérard Detourbet, le père de la Logan et de Dacia, qui a été une véritable révolution dans le domaine automobile. Son influence a renforcé ma passion pour l'innovation et les défis technologiques (et économiques ! on parle tout de même de la gamme « Low Cost »). Travailler au sein d’équipes soudées et passionnées, m’habite depuis plus de 20 ans, cela a été une expérience précieuse pour le reste de ma carrière et m’a permis de développer de solides amitiés professionnelles.

J’ai également pu seconder Véronique Sarlat-Depotte, lorsqu’elle était à la tête des Achats Renault-Nissan-Mitsubishi, ses compétences en Leadership sont pour moi toujours source d’inspiration. Influencer et fédérer un groupe pour atteindre un but commun, tout en instaurant un climat de confiance, permet d’obtenir le meilleur de chacun d’entre nous. J’applique au quotidien ce type de management pour résoudre des problèmes complexes en faisant preuve de créativité et d inclusivité.

« Le développement durable »

Quels sont tes projets futurs et qu'est-ce qui te motive dans ton travail ?

Mes projets futurs sont en ligne avec la mission de mon entreprise actuelle, à savoir, continuer à participer à l’établissement d’une industrie de l'énergie durable et éco responsable ; afin de léguer à nos futures générations et mes enfants un monde meilleur.  

Je suis motivé par les défis technologiques et l'opportunité de faire une réelle différence dans la lutte contre le réchauffement climatique. J'aime le caractère dynamique de mon travail et le fait de travailler avec des équipes passionnées et multiculturelles. Chaque jour est une occasion d'apprendre, de grandir et de contribuer à la réussite de projets ambitieux.

Est-ce que les batteries sont recyclables ?

Absolument ! hormis une part infime des cellules des batteries (certains sous composant plastiques), l’essentiel des batteries de type Li-ion est recyclable. Le recyclage permet de déployer une approche durable, en boucle fermée, dans la fabrication des batteries mais surtout de réduire de manière considérable notre empreinte CO2, si toutefois nous faisons recours à des sources d’énergie 100% renouvelable et durable (éolien et hydro) ; ce qui est le cas de Northvolt en Suède.

A ton avis, est-ce qu'on pourra se passer de moteurs thermiques ?

La sortie de la thermique ne se fera pas instantanément, mais par zone géographique, en ayant recours à différentes technologies ayant toutes le même objectif, réduire les émissions de gaz à effet de serres : véhicules électriques, hydrogène, hybrides, …

Le soutien des pouvoirs publiques sera clef, notamment pour la partie infrastructure, gestion du réseau, production d’énergie…

A titre personnel je pense que le model « propriétaire de son véhicule » n’est pas un model durable, des lors que le véhicule n’est pas utilisé plus de 25% par jour. Celui-ci sera probablement remplacé par des solutions mieux adaptées à l’usage qu’on en fait : conduite autonome, car sharing, car on demand…

Personnellement, je n’ai plus de voiture depuis 5 ans et utilise principalement les transports en commun et mon vélo ; et quand le besoin s’en ressent j’utilise des applications de voitures en auto-partage.

Les pouvoirs publics militent aussi et légifèrent en ce sens, en bannissant les moteurs thermiques à un horizon de 5 ans, 10 ans ou 15 ans. 

Est-ce qu'on aura assez d'électricité ?

La crise énergétique mise en exergue au cours des derniers mois et les évènements que nous connaissons malheureusement ont mis en avant notre manque de capacité de production et d’autosuffisance … mais aussi notre surconsommation d’énergie. Une gestion intelligente de la consommation et de la production d’énergie sera nécessaire pour lisser la demande.  

Est-ce qu'il y a assez de Lithium ? Et d'autres matériaux ?

On parle souvent des terres rares, qui par définition sont rares … toutefois les composants des batteries existent en grande abondance. Le lithium est présent en Europe, en grande quantité au Portugal, mais aussi en France ! Le nickel est également un matériau disponible en grande quantité dans de nombreux pays. Le cobalt est en revanche présent que dans peu de pays, mais n’en fait plus un matériau rare ; son exploitation n’est pas toujours faite de manière durable ce qui lui vaut certaines polémiques. Faire du sourcing éco-responsable de matières premières et participer au changement des mentalités et des process d’extraction me tient à cœur ; et nous travaillons en ce sens, notamment le cobalt. 

L’avenir est un business model se reposant de plus en plus le recyclage des matériaux en boucle fermée (recyclage des batteries ou réutilisation des rejets usines) mais aussi qui s’affranchira à terme de Cobalt, ou se tournera vers de nouvelles technologies, plus sûres, moins énergivores, moins chères : batteries solides, sodium … 

 Merci Yannick pour ton temps et pour toutes ces explications.

Bruno Dember (GM 1992),
Bénévole pour l’équipe marketing et communication de UTC Alumni

 


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